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IL N'Y A PAS DE MÉDITERRANÉE SAINE SANS UNE FAUNE SAUVAGE

La Journée mondiale de la vie sauvage (3 mars) est l'occasion de battre le tambour pour la faune et la flore de la Méditerranée car elles méritent toute l'attention qu'elles peuvent obtenir. Les activités humaines non durables et la surexploitation des ressources naturelles ont lourdement pesé sur la biodiversité de Mare Nostrum.

Selon le rapport 2018 sur la situation mondiale des pêches et de l'aquaculture (SOFIA), publié par l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), la mer Méditerranée est la plus surexploitée au monde: 62% de ses stocks de poissons sont surexploités et risque d'épuisement. Des pratiques de pêche inadéquates sont également à l'origine d'une perte tragique de la biodiversité par d'autres moyens. Les dauphins, les tortues, les phoques et les autres espèces en voie de disparition périssent lorsqu'ils sont prit au piége dans des «engins fantômes» - des équipements de pêche perdus ou jetés tels que des filets et des palangres qui peuvent mettre jusqu'à 600 ans pour se détériorer.

Les engins fantômes sont l'une des facettes du problème des déchets marins qui menacent la faune en Méditerranée. Avec 210 millions d'habitants vivant dans les zones côtières et 320 millions de touristes visitant chaque année, la pollution plastique a atteint des niveaux alarmants. On estime que plus de 80% des tortues marines sont touchées par les déchets dans certaines régions du pourtour méditerranéen.

La végétation marine n'a pas été épargnée. Les prairies de Posidonia Oceanica - également connu comme les poumons de la Méditerranée, car elle constitue l'une des plus importantes sources d'oxygène dans les eaux côtières - est en déclin. Une étude réalisée en 2015 (Telesca, L. et al.) a révélé que la régression des prairies s'élevait à environ 34% au cours des 50 dernières années en raison «des effets cumulatifs de multiples facteurs de stress locaux».

Sous les auspices du PNUE / PAM, les Parties contractantes à la Convention de Barcelone et son Protocole concernant les Aires Spécialement Protégées et la diversité biologique ont adopté plusieurs plans d'action régionaux pour sauvegarder la faune et la flore marines et côtières. Des progrès significatifs ont été accomplis dans l'élaboration d'un cadre réglementaire complet protégeant la biodiversité méditerranéenne. Le Centre d'activités régionales PNUE / PAM pour les Aires Spécialement Protégées (CAR / ASP) continue de renforcer l'ensemble collectif de connaissances et de compétences techniques disponibles pour l'action.

Des plans et stratégies d'action régionaux basés sur les meilleures connaissances scientifiques et techniques disponibles ont été élaborés pour protéger les espèces menacées et les habitats menacés. Le programme d'action stratégique pour la conservation de la diversité biologique dans la région méditerranéenne (PAS BIO) constitue le principal instrument de coopération régionale pour stopper la perte de biodiversité à Mare Nostrum.

Cette entreprise a entraîné des gains indéniables pour la faune méditerranéenne, mais les lacunes dans l'application des obligations légales contractées par les Parties contractantes en vertu de la Convention de Barcelone ont bloqué les progrès.

La 21ème Réunion des Parties contractantes à la Convention de Barcelone et ses Protocoles (COP21, Naples, 2-5 décembre 2019) a récemment adopté un lot de décisions sur la conservation de la biodiversité. Quatre nouveaux sites ont été désignés «zones spécialement protégées d'importance méditerranéenne (ASPIM)» en France, en Italie, en Slovénie et en Espagne. Sur la base des résultats d'une récente évaluation de la mise en œuvre du programme d'action stratégique pour la conservation de la diversité biologique dans la région méditerranéenne (PAS BIO), les Parties contractantes ont mis à jour les stratégies et les plans pour la conservation des espèces méditerranéennes emblématiques, y compris le phoque moine méditerranéen.

Le phoque moine de Méditerranée est l'un des mammifères marins les plus menacés au monde. La plupart des personnes vivant en Méditerranée aujourd'hui n'ont probablement jamais vu de phoque moine dans son habitat naturel. Selon Khalil Attia, Directeur du SPA / RAC: «le rétablissement du phoque moine en Méditerranée est toujours possible, mais pour que cela fonctionne, nous aurons besoin de détermination et d'engagement sans faille de la part des gouvernements".

L'extinction de ce mammifère emblématique affecterait fortement les efforts de conservation. Le Coordinateur  du Secrétariat de la Convention de Barcelone du PNUE / PAM, Gaetano Leone,  a déclaré que: «Nous ne pouvons pas nous permettre de laisser partir le phoque moine. Le symbolisme d'un tel événement irait au-delà du groupe d'espèces lui-même pour jeter un sombre nuage sur les efforts de conservation en Méditerranée et au-delà ».

Au cours de l'année dédiée à la nature et à la biodiversité, les progrès dans l'application des stratégies mises à jour sur le phoque moine, les requins et les poissons cartilagineux, dans le cadre de la Convention de Barcelone, démontreront l'engagement des Parties contractantes à l'esprit de la Déclaration Ministérielle de Naples dans laquelle elles décrivent l'année 2020 comme un «tournant décisif pour la conservation et la gestion durable de la mer et des côtes méditerranéennes» et souligne la «nécessité d'un changement systémique soutenu par des stratégies, des politiques et des comportements innovants et tournés vers l'avenir».

À l'occasion de la Journée mondiale de la vie sauvage, laissons l'image attachante du phoque moine méditerranéen nous rappeler la nécessité d'une action audacieuse pour protéger la biodiversité méditerranéenne pour notre propre bien, car il ne peut y avoir de Méditerranée saine sans une faune prospère.

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published on 2020/03/18 18:43:00 GMT+0 Dernière modification 2020-03-18T18:43:00+00:00