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Journée mondiale de l’Environnement : « Combattre La pollution de l’Air »

Retenons notre souffle pour une avancée attendue en Méditerranée

Une idée largement répandue attribue la dégradation de la qualité de l'air exclusivement aux activités humaines ayant lieu sur la terre ferme. La perception commune tend à associer la pollution de l’air aux unités industrielles ou aux véhicules, plutôt qu’aux navires. Pourtant, les navires transportent aujourd'hui environ 80% de toutes les marchandises échangées dans le monde. En 2017, la flotte de transport maritime mondial a augmenté de 3,15% en poids à vide et de 2,47% en nombre de navires (par rapport à 2016). Véritable épine dorsale du commerce international, le transport maritime est une source importante de pollution comportant des effets néfastes sur la santé humaine et les écosystèmes.

Aujourd’hui, la Méditerranée abrite les voies de navigation les plus fréquentées au monde et se situe à la deuxième place, après les Caraïbes, dans le classement des régions de croisière les plus prisées. En 2017, la Méditerranée a accueilli 15,8% du déploiement de la flotte de croisière mondiale (MedCruise Association, 2018).  Les mouvements de navires, qui se produisent souvent près des côtes densément peuplées des pays méditerranéens, entraînent des émissions de gaz toxiques et de particules fines résultant de la combustion de combustibles, notamment des oxydes de soufre (SOx).

Les émissions de SOx contribuent à la formation d'aérosols de sulfate (SO4) qui, avec d'autres types de particules, sont capables de pénétrer profondément dans les poumons de l'homme et de tous les organismes vivants. L'exposition à ces polluants est liée au cancer du poumon, aux maladies cardiovasculaires et à l'asthme. Les écosystèmes ne sont pas épargnés : le dépôt de particules de SO4 accentue l'acidification des eaux de surface et des sols. Ce phénomène a également des conséquences néfastes sur les bâtiments et les infrastructures, y compris les sites vulnérables du patrimoine mondial. À certaines concentrations, les aérosols de sulfate engendrent la brume sèche et réduisent la visibilité.

Le système de l’ONU Environnement / Plan d’Action pour la Méditerranée -- Convention de Barcelone œuvre avec les Parties contractantes sur ce qui pourrait constituer une déferlante de changement en matière de qualité de l’air en Méditerranée. La réflexion sur un régime adéquat de réduction des émissions provenant des navires a démarré depuis le début des années 2000, mais nous n’avons jamais été aussi proches d’une avancée majeure. En effet, la Réunion des Parties contractantes (COP 21) prévue en fin d’année à Naples examinera, pour la première fois, la possibilité de faire reconnaître la mer Méditerranée, en tout ou partie, comme une zone de contrôle des émissions (ECA) en vertu de l'annexe VI de la Convention internationale pour la prévention de la pollution par les navires (MARPOL).

Dans le cadre de MARPOL, les pays riverains d’un bassin maritime spécifique peuvent demander à l’Organisation maritime internationale (OMI) de désigner ce bassin comme une ECA de SOx. À ce jour, la mer Baltique et la mer du Nord, ainsi que les côtes nord-américaines, ont été désignées comme ECA de SOx par l’OMI. Nous espérons que la mer Méditerranée fera prochainement son entrée dans la liste.

A partir du 1er janvier 2020, l’OMI exigera la réduction de la teneur en soufre autorisée dans le fuel-oil des navires de 3,5% à 0,5%, sauf dans les ECA de SOx où les bâtiments doivent utiliser du combustible contenant seulement 0,10% de soufre. Une étude de faisabilité menée par le REMPEC pour le compte des Parties contractantes à la Convention de Barcelone a récemment établi que la désignation de la zone de la mer Méditerranée, comme une ECA de SOx (l’ECA Med proposée) permettrait de réduire les émissions de 78,7% pour les SOx et de 23,7% pour les particules PM2,5 (particules fines dont le diamètre ne dépasse pas 2,5 micromètres) par rapport aux réductions attendues du scénario où seule la nouvelle norme de l’OMI portant sur le soufre (0.5%) est en place.

A vrai dire, les incitations pour la prise de mesures audacieuses au sujet des émissions provenant des navires ne manquent pas. Outre la réduction de la mortalité liée au cancer du poumon et aux maladies cardiovasculaires, la modélisation de la qualité de l'air effectuée dans le cadre de l'étude du REMPEC montre une baisse des dépôts secs et humides des oxydes de soufre et des particules fines, avec des retombées positives sur les systèmes aquatiques. La désignation de l’ECA Med proposée augmenterait également la profondeur optique des aérosols, un phénomène physique se traduisant par une réduction de la brume sèche et une amélioration de la visibilité. Ces améliorations se feraient notamment sentir sur le détroit de Gibraltar, le nord du Maroc et l'Algérie, ainsi que le long de la voie de navigation principale reliant le détroit de Gibraltar au Suez. Ils s'étendraient également à l'intérieur des terres en Afrique du Nord.

A l’occasion de sa réunion des Points focaux, qui se tiendra à Floriana (Malte) du 11 au 13 juin 2019, le REMPEC a soumis un projet de feuille de route ainsi qu’un projet de soumission initial à l'OMI, pour examen et évaluation. La feuille de route sera ensuite examinée par la 13e réunion des Points focaux ONU Environnement / Plan d’Action pour la Méditerranée, en vue d’une éventuelle adoption à la COP 21 (Naples, Italie, 2-5 décembre 2019).

Si ce processus aboutit, une proposition conjointe et coordonnée pour la désignation de l’ECA Med proposée pourrait être présentée à l'OMI en 2022, avec une entrée en vigueur éventuelle de l’amendement connexe à l’Annexe VI de MARPOL après mars 2024. Avec les avantages supplémentaires que cette initiative pourrait engendrer en termes d’atténuation des émanations de Gaz à Effet de Serre, l’ECA Med constituerait un grand bond en avant pour toute la région et une réalisation importante dans la cadre de la mise en œuvre du Programme de Développement durable à l’horizon 2030.

Il y a de l'espoir dans l'air.

 

Ressources utiles :

Visiter le site web de la Journée mondiale de l'environnement (5 juin) et participez à la campagne globale pour #CombattreLaPollutionDelAir en suivant ce guide pratique.

Explorer le travail de l’ONU Environnement pour améliorer la qualité de l'air pour assurer la protection de l'environnement et de la santé humaine

Lire l'article de l'OMI 2020 ou la réduction des émissions d'oxydes de soufre

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published on 2019/06/04 09:55:00 GMT+0 Dernière modification 2019-07-01T07:59:29+00:00