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Med News 03/2020

Cover_MEDNEWS_03_2020.jpgÉDITORIAL l Coordinateur du PNUE / PAM Gaetano Leone

Moment de vérité

Une pandémie perturbatrice a révélé la centralité du système PNUE / PAM-Convention de Barcelone pour un avenir résilient et durable en Méditerranée

Lorsqu'il a vu le jour il y a plus de quatre décennies, le Plan d'action pour la Méditerranée (PAM) a marqué un tournant décisif. Sous les auspices du PNUE, une coalition sans précédent de pays riverains a commencé à construire ce qui allait devenir le cadre juridique le plus complet jamais mis en place dans un contexte maritime régional. Nous avons parcouru depuis un long chemin et nous sommes déterminés à aller de l’avant .

La Convention de Barcelone et ses Protocoles ont progressivement comblé ce qui avait été un vide abyssal de la réglementation régionale en Méditerranée. Cet effort se poursuit grâce à l'engagement des pays riverains et de l'Union européenne.

Plusieurs stratégies thématiques et plans d’action régionaux élaborés dans le cadre de la Convention de Barcelone sont mis à jour et de nouveaux projets (interventions sur le terrain pour renforcer les efforts des Parties contractantes) sont lancés.  Récemment inauguré, le project Medprogramme financé par le FEM et bénéficiant des contributions de deux banques de développement régionales, intensifiera les efforts pour une Méditerranée plus propre.

Alors que la région se remet du COVID-19, la prochaine Stratégie à moyen terme (2022-2027) du PNUE / PAM concentrera notre expertise et nos ressources sur une réalisation accélérée de notre vision à savoir des écosystèmes marins et côtiers sains et productifs dans le contexte du développement durable, tout en tenant compte de la nécessité de reconstruire plus vert.

«Nous devons de toute urgence intensifier notre ambition et notre action sur les trois crises planétaires que sont le changement climatique, la dégradation de la nature et la pollution pour éviter de nouvelles pandémies et d'autres chocs potentiellement bien plus graves", a récemment déclaré la Directrice exécutive du PNUE, Inger Andersen.

La Méditerranée est une région où les symptômes de cette triple crise planétaire prennent des formes aiguës. La science, telle qu'elle est résumée dans les conclusions du Rapport sur l'État de l'environnement et du développement en Méditerranée (RED 2020) récemment publié, et du premier Rapport d'évaluation (MAR 1) du Réseau d'experts méditerranéens sur le changement climatique et environnemental (MedECC), a révélé que: « la Méditerranée est confrontée à la perspective de dommages irréversibles si des mesures urgentes ne sont pas prises pour arrêter les trajectoires actuelles ».

Nous avons beaucoup entendu parler d’une reprise plus verte. Le RED 2020 fournit aux décideurs des preuves, notamment sur la manière dont le statu quo a affecté les systèmes naturels et les sociétés de la Méditerranée, et peut ainsi aider à passer de la parole aux actes. Le MAR1 illustre la nécessité d'une action climatique intelligente afin de rendre notre région plus résiliente aux chocs qui pourraient survenir dans le futur.

Malgré la morosité de ce moment, nous avons une chance de voir une nouvelle doctrine politique qui protège les écosystèmes tout en tenant la promesse que constitue l'Agenda 2030 pour le développement durable. Nul besoin de miracles ou de baguettes magiques : une transformation audacieuse est nécessaire pour réinventer la relation qui nous lie à la mer Méditerranée et son littoral.

Alors que des sommes colossales sont allouées pour la reprise, les voies respectueuses de l’environnement doivent être privilégiées dans tous les secteurs, y compris les énergies renouvelables, la gestion intégrée des ressources hydriques, l'agriculture durable, la pêche et l'aquaculture, le tourisme alternatif et le transport maritime à faibles émissions, pour ne citer que ceux-là.

Les pays méditerranéens auraient pu suivre ces voies il y a des années. Mais peut-être que la pandémie est la secousse qui pourrait pousser la région à agir. Une nouvelle impulsion pour le respect des obligations qui existent au sein de la Convention de Barcelone et de ses sept Protocoles, y compris les plans régionaux et les mesures réglementaires, préparera le terrain et favorisera des politiques nationales axées sur la durabilité.

Depuis les premiers jours de la pandémie, nous avons élaboré une réponse stratégique pour appuyer l'action des Parties contractantes, et nous avons identifié des modalités pratiques grâce auxquelles le système PNUE / PAM-Convention de Barcelone peut soutenir une renaissance verte.

Mme Andersen a déclaré que : «2021 pourrait être une année décisive». C'est un moment de vérité. Tous les ingrédients du succès sont réunis: la connaissance, la technologie, la prise de conscience, l’opinion publique généralement favorable et une société civile dynamique (plus connectée que jamais), ainsi qu'un cadre juridique et une mise en œuvre en faveur de la durabilité qui ont été fournis par le système PNUE / PAM- Convention de Barcelone à la Région méditerranéenne à travers un processus multilatéral s'étendant sur plus de quatre décennies.

En engageant des politiques nationales qui investissent dans la durabilité et la résilience, les décideurs peuvent susciter une renaissance verte dans toute la région. Mais pour que cela se produise, nous aurons besoin de la participation de tous. Transformer les paroles en actes sera crucial et pour y parvenir, des forums politiques, tels que ceux fournis par nos partenaires de l'Union pour la Méditerranée et de l'Assemblée parlementaire de la Méditerranée, pourraient faciliter une plus grande intégration des instruments juridiques et des outils de mise en œuvre offerts par le système PNUE / PAM-Convention de Barcelone.

Il serait important d’éviter les chevauchements institutionnels mais plutôt favoriser la coopération au sein de notre région, car concernant la mer Méditerranée, nous sommes tous dans le même bateau.